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Une envie de zénitude est bien légitime dans notre société si pressée. Le jardin est un lieu privilégié pour arrêter le temps et profiter du moindre moment de repos. De plus, nul besoin d'un grand espace pour instiller une ambiance fort dépaysante évoquant le pays du soleil levant.
Clé numéro 1 : Ne pas négliger les éléments du décor
Une plage de gravillons et des rochers composent le spectacle iconique des jardins japonais. Le ou les rochers représentent les îles noyées dans un océan de gravillons clairs traité à l'aide d'un râteau pour simuler les ondulations des flots. Choisissez des rochers, en nombre pair, et placez-les harmonieusement dans un espace bien dégagé, mais clos, au sol plat. Campez-les solidement au sol en enterrant leur base. Ensuite, étalez tout autour un épais lit de gravillons ou de sable grossier (de rivière). A l'aide d'un râteau, il ne vous restera plus qu'à dessiner des ondulations concentriques autour du groupe de rochers précédemment installé. Renouvelez l'opération dès que le relief est effacé ou souillé. Voilà bien une source de méditation visuelle idéale pour laisser vagabonder l'imagination à son gré, selon les saisons ou bien au gré des fluctuations lumineuses d'une même journée.

La rivière sèche est aussi un espace typique des jardins asiatiques. Elle est composée de galets, parfois agencés en calade ouvragée et simulant le courant d'eau. Le pont qui l'enjambe sera bien arrondi et de préférence peint d'un rouge vibrant afin de contraster avec les dégradés de vert alentour.
Les pas japonais composent des cheminements propices à l'éloge de la lenteur et à l'observation. Ils permettent de pénétrer ainsi dans la végétation, de s'immerger dans la verdure et de faire ainsi partie intégrante du décor.
Des clôtures en bambou apportent leur structure exotique pour clore cet espace. Liées de ficelle, les canes apportent des éléments verticaux qui contrastent ainsi avec la surface horizontale du jardin.
Une fontaine bruyante ou Shishi-odoshi, également construite en bambou, propose, par le basculement rythmé de son mécanisme rudimentaire, une sonorité rassurante. Elle était jadis employée pour effrayer les animaux prédateurs.
La vasque pour les ablutions. En contraste, un petit point d'eau calme, contenue dans une pierre creusée, naturelle ou ouvragée, est dédié à la purification du corps avant d'entrer dans l'espace du jardin.

Clé numéro 2 : Dessiner le tracé, soigner la composition
Peu importe la superficie du lieu, les règles du Feng-shui sont reines en ces lieux d'harmonie. Ainsi, la bonne circulation de l'énergie vitale (le fameux Chi) est primordiale. De fait il convient de proscrire les angles pour privilégier les courbes dans le tracé des cheminements et des massifs et de végétaliser les arêtes ou recoins de bâtiments. Les mauvais esprits étant censés se déplacer en lignes droites uniquement, brisez volontairement les allées, ponts ou perspectives rectilignes.
Clé numéro 3 : Ajouter les bonnes plantes
Les bambous y ont droit de cité à tous les étages. Toutefois, méfiez-vous des formes drageonnantes qui deviennent rapidement incontrôlables au profit de formes dites cespiteuses que l'on trouve dans les genres Fargesia ou Sinarundinaria. D'autres seront employés efficacement en couvre-sol mais devront être canalisés par des barrières anti-rhizomes.
Des plantes couvre-sol permettent d'évoquer les tapis de mousses émeraude si difficiles à reproduire : helxine à mi-ombre, camomille 'Treneague' ou sagine au soleil.
Des feuillages graphiques seront installés dans les coins ombragés : nombreuses fougères persistantes ou caduques, Hakonechloa vert ou doré, luzule blanche…
Philippe Ferret

